Français concertants, échangeant

Français concertants, échangeant

Facteurs de notre débacle économique - Montgranier

FRANCE : LA CHUTE EN VRILLE

 

Pour tenter de remédier à un état de choses déficient, il est indispensable de procéder à un examen des faits sans complaisance.

C'est de pratique médicale élémentaire.

Concernant l'état de notre pays, il faut bien constater qu'aucun de nos gouvernements successifs n'a eu de prise, depuis vingt-cinq ans, sur une situation qui n'a cessé de se dégrader. En première analyse, il apparaît que, depuis deux décennies le pouvoir a échappé à la classe politique victime de la bipolarité qui lui a été imposée au profit d'une administration tentaculaire, dont le conservatisme est dans la nature même des fonctions.

Deuxième évidence : après avoir vécu enfermés dans des dogmes, nous sombrons, après leur effondrement, dans le vide intellectuel le plus total. Nous avons perdu l'habitude de tenir compte en priorité des faits. Aussi ne naviguons-nous plus à vue mais à l'aveuglette.

Or, si nous voulons sortir de l'impasse, où nous sommes coincés, nous faut-il d'abord passer en revue les échecs et en rechercher la cause sans complaisance.

 

LA DESINFORMATION

 

La désinformation est devenue d'une pratique systématique pour camoufler l'effondrement continu de notre économie, qui est, n'en déplaise à nos mauvais littérateurs, la base du développement social, scientifique, technique et culturel.

Tous les français savent que les chiffres du chômage sont truqués.

Mais ce qu'ils ne savent pas c'est que la désinformation atteint même les statistiques officielles.

Les publications de l'Institut National de Statistiques et d'Etudes Economiques ( I.N.S.E.E ) et tout particulièrement ses bulletins mensuels étaient autrefois la source la plus complète et la plus fiable de renseignements sur l'évolution financière, économique et sociale de notre pays.

Or il faut bien constater de bien étranges et mystérieuses disparitions.

¾    le montant des crédits bancaires à l'économie n'est plus publié alors qu'il représente une création de monnaie supérieure à celle de l'Etat dont c'était naguère le droit régalien,

¾    les montants mensuels et par jour ouvrable des compensations interbancaires ne sont plus publiées depuis septembre 89 alors que ces chiffres indiquaient l'évolution de la part la plus considérable des transactions,

¾    le montant de la dette publique est toujours indiqué mais par un chiffre global et sans précision sur les taux d'intérêts et sur le calendrier de remboursement ce qui laisse les Français dans l'ignorance des dettes contractées en leur nom et qu'ils auront à rembourser 5

Mais la plus remarquable des occultations concerne les Chèques Postaux : voir annexe 1) :

¾    I . Chaque mois le Bulletin Mensuel de Statistiques de l'INSEE indiquait le montant des dépôts des particuliers et des entreprises et le nombre des opérations de crédit ( voir BMS de décembre 1990 page 74 ).

¾    II . Dans le BMS de juillet 92 le montant moyen journalier des dépôts des particuliers et des entreprises a disparu. Par contre a été introduite la mention "comptables publics" et l'on constate que l'Etat en profite pour prélever des sommes considérables sur les dépôts des "autres titulaires", (particuliers et entreprises ) . Exemple : 56 milliards 748 millions en juillet 1991.

¾    III . Le BMS de septembre 93 nous révèle le but de la manoeuvre : le montant moyen journalier a disparu ainsi que le montant et le nombre des opérations de crédit. Ne figure plus que le nombre des comptes ouverts ce qui ne donne aucune indication sur le montant des dépôts et permet à l'Etat de prélever sans contrôle des sommes inconnues sur l'argent des particuliers et des entreprises sans qu'on puisse savoir s'il les rembourse.

¾    IV . Depuis, tout ce qui concerne les chèques postaux a complètement disparu des statistiques6.

¾    V . On ne trouve même plus dans ces bulletins mention du Produit Intérieur Brut qui traduit chaque année l'activité du pays. Désormais les tableaux n'expriment plus des chiffres mais des "indices". C'est la cas notamment de tous ceux qui prétendent indiquer les prix de vente industriels, les prix à la consommation, ceux des échanges extérieurs etc.; la vérité est moins choquante en indices qu'en chiffres bruts. La volonté de camouflage est flagrante : le tableau des créations d'entreprises est en chiffres, celles des cessations en indices. Encore que, ces dernières se limitent aux défaillances judiciaires et ne mentionnent-elles pas les abandons tous engagements couverts...

CE NE SONT PAS LA LES SEULS ESCAMOTAGES DE LA GESTION PUBLIQUE.

 

L'Etat verse les charges sociales de ses administrations avec retard, ce qui oblige le Régime Général de la Sécurité Sociale à emprunter pour sa trésorerie. Mais à qui ? A la Caisse des dépôts et Consignations et au Trésor Public, c'est à dire à l'Etat...qui lui prend un taux moyen de 12, 2%.

La Cour des Comptes précisait dans son rapport de 1993 que " l'aggravation du régime général... est loin d'avoir conduit l'Etat à modifier ses pratiques puisque la charge de trésorerie pour l'Agence centrale des Organisations de Sécurité Sociale résultant des rythmes des règlements de l'Etat serait de l'ordre de 8,2 milliards de francs en 1992 ".

 

L'INVASION BUREAUCRATIQUE

 

" Dès 1958 la haute administration commence à mettre la main sur les leviers gouvernementaux essentiels. Non seulement elle ne les lâchera plus mais, durant 30 ans, elle ne cessera d'élargir sa sphère d'intervention, d'installer ses hommes et d'imposer sa conception du gouvernement " constatait Thierry Pfister 7 Constatation qui n'a fait que se confirmer au cours des ans.

Les membres des cabinets ministériels sont à 90% issus de l'administration.

Les partis politiques sont devenus des appareils électoraux au service de la caste. Neuf des treize premiers ministres de la cinquième république sont issus de la haute fonction publique et un minimum de quinze énarques ont été présents dans chaque gouvernement. Leur nombre n'a d'ailleurs cessé d'augmenter.

" On a assisté au transfert de légitimité des élus aux fonctionnaires" écrivait Philippe Guillaume 8 Prenant les chiffres à la meilleure source, la Direction de la Fonction Publique, il nous transmettait le décompte ci-dessous:

Services centraux (agents civils seuls) :

 

1946               720.000

1956               980.847

1966            1.964.000

1976            2.210.000

1986            2.541.000

1990            2.606.000                             2.606.000

Agents des collectivités locales                1.250.000

Agents de la fonction publique hospital       .909.537

Salariés Etabl Publ statut privilégié           1.000.000

Total sans les militaires                             5.765.537

Soit 25% de la population active (Japon 8%).

Un socialiste, Mr Chaussat, a publié un rapport démontrant qu'il y avait en France 500.000 fonctionnaires de trop et qu'il est scandaleux que depuis 20 ans toute la richesse nationale soit captée par la bureaucratie; ce rapport a déclenché un tollé et il a été vite enterré......

Le fait s'avère exact. En France, la bureaucratie est plus importante que l'industrie ou que l'ensemble commerce-artisanat.

On a noté que quand les effectifs de l'industrie diminuaient de 20 % ceux du ministère de l'industrie augmentaient de 25%. Lorsque la flotte de commerce était divisée par trois le nombre des fonctionnaires de la mer augmentait de 25%.

Les usines ferment mais nous ouvrons des musées.

Dans cette cohue de fonctionnaires 40% seulement sont des actifs, 60% des papivores. Le moindre projet à créer dans une commune ou une ville doit obtenir l'accord de huit services différents de la région pour que — suite à ces navettes auprès des services correspondants — le Délégué départemental à la ville puisse notifier à l'auteur du projet la décision. (voir Annexe II ).

Citant une autre source tout aussi officielle, le regretté Philippe Guillaume nous apprenait que, selon le rapport annuel du Conseil d'Etat  de mai 1992, le Français est soumis à 150.000 textes de portée générale dont :

7.000 Lois

80.000 décrets, plusieurs milliers de circulaires,

20.000 règlements de la Communauté européenne,

sans compter arrêtés et circulaires adoptées par les autorités locales, départementales et régionales.

Au cours des 15 derniers années, le Code du Travail  a été augmenté de 40% de textes et le Code Général des Impôts de 35%. Les nouveaux textes sont de plus en plus longs. Ils avaient en moyenne 93 lignes en 1954 et 220 en 1990.

Lao-Tseu nous avertissait déjà en 500 avant Jésus-Christ : " Plus nombreux sont les décrets et les lois plus les malfaiteurs et bandits pullulent ".

Les fonctionnaires perçoivent en principe une prime annuellement non passible d'impôt. Pour les hauts fonctionnaires la prime peut atteindre  45% de leurs rétributions annuelles et aller pour certains jusqu'à 180.000 francs pour un traitement de base de 400.000 francs. Chacun sait que l'égalité est une valeur ardemment défendue dans ce milieu.....sur le plan philosophique.

 

LE CHÔMAGE

 Le nombre de chômeurs donne la mesure de la dégradation de l'économie.

Mr Balladur déclarait en 1993 que leur nombre dépassait en fait les 4,5 millions. Or, on continue à en maintenir par des fictions comptables leur nombre à un chiffre inférieur à 3,3 millions. Aucun de nos concitoyens n'est dupe. Chacun sait que :

¾    l'A.N.P.E se dispense de pointer les chômeurs de plus de 55 ans, sous prétexte de leur simplifier la vie, ce qui lui permet de les éliminer des fichiers. Cette mesure concernait en 1994 160.000 personnes qui s'ajoutaient aux 350.000 précédemment rayées des comptes pour le même motif.

¾    sur les 968.000 chômeurs de longue durée l'A.N.P.E a décidé que 200.000 pouvaient être déclarés inaptes au travail pour raisons médicales ou rayés d'office de ses listes s'ils refusaient la visite.

¾    depuis 1978 ne sont plus considérés comme chômeurs les demandeurs d'un emploi précaires. De 92 à 93, 110.000 exclus supplémentaires en ont porté le nombre à 407.000.

¾    Les 400.000 RMistes et 135.000 demandeurs d'emplois, inscrits en stage de formation, ne figurent pas sur les listes; ne figurent pas non plus les 253.000 " bénéficiaires " d'une " Convention de conversion ".

¾    ne sont pas considérés comme chômeurs les 622.000 titulaires de contrats dits " emplois de solidarité ".

¾    les chômeurs des départements d'outre-mer ne sont pas pris en compte.

En fait, fin 1998, on pouvait établir la situation suivante :

¾    demandeurs d'emplois                               4.200.000

¾    emplois précaires et intérim                       1.319.000 9

¾    Total :                                                         5.519.000

Le tout hors apprentissage et un " temps partiel " qui a doublé (1.493.000).

Inutile d'insister sur le fait que cette situation pèse de plus en plus sur les finances publiques, sur les charges et la consommation.

De plus en plus nombreux sont les jeunes diplômés qui s'expatrient. On dit que 20.000 jeunes informaticiens français travaillent actuellement dans la Silicon Valley aux USA. Nous exportons nos jeunes ingénieurs et nous laissons entrer une main-d'œuvre de sous-emploi.

 

ENTREPRISES

 

¾                 Créations : 1989 :                 204.000

¾                                 : 1997                   167.000

¾             Défaillances : 1980                     20.000

¾                                 : 1989                     40.042

¾                                : 1998                       61.068

Les défaillances d'entreprises ne sont officiellement décomptées dans les BMS de l'INSEE que lorsque la cessation de leur activité a fait l'objet d'un contentieux , soit avec le fisc, soit avec leur banque, leur fournisseur ou leur client. Toutes celles qui ont "bouclé" sans dette ne le sont pas.

A titre indicatif : dès 1994 il était procédé à la fermeture de 40 entreprises chaque heure ouvrable. A noter que les " indices " de cessations d'activité étaient supprimés dans le bulletin de l'INSEE depuis avril 1998. Motif : absence de résultat due à la nature des choses..!

 

L'INDUSTRIE

 

" L'industrie française est en recul de valeur et d'emploi. Or l'industrie est au cœur de la compétitivité d'un pays". Plus l'industrie est faible, plus sont mauvais les résultats en terme d'emploi et de commerce extérieur.

C'est ce que nous rappelait le rapport Reynaud en 1995. L’ l'industrie française a perdu près de 1.200.000 emplois en 1980 et 1992. Nous avons assisté à la disparition de 3.200 entreprises industrielles par an au cours des années 1980, de 8.000 en 1991 et de 9500 en 1992.

Cette chute a provoqué la compression des salaires qui n'ont pas suivi la hausse de l'inflation car contrairement aux déclarations officielles elle n'a pas été de 2,10% mais de 3,20% en moyenne de 93 à 98. (116,1 fin 98 sur base 100 en 93. Source I.N.S.E.E ). Le même rapport signale que le coût salarial brut, des cotisations salariales comprises, est plus bas que dans les autres pays de l'O.C.D.E.

Les dépenses de Recherche et de Développement de nos industries sont, faute de moyens de financements, très nettement inférieures à celles des pays concurrents. Ceci explique la faible place qu'elles occupent sur le marché des produits de haute technicité.

Nos activités industrielles, note le rapport Raynaud, s'internationalisent plus par leur délocalisation que par leurs exportations. Le chiffre d'affaires hors de France de nos entreprises, moyennes et grandes (chiffre d'affaires entre 1 et 25 milliards), est passé de 48% en 88 à 55% en 92. Leur production à l'étranger à augmenté de 6% alors que leur production en France a diminué à l'exportation de 33 à 31%. Enfin le flux d'investissements directs fait apparaître un déséquilibre constant : 10

 

Investissements en milliards de francs

1980

1984

1987

1991

1997

1998

Français à l'étranger

14,3

18,6

52,3

115,8

155,615

234,622

Etrangers en France

13,9

19,2

27,9

62,5

112,340

170,266

 

Il convient de noter que la plupart des prix industriels ont baissé (excepté, en particulier, les prix des papiers et des tissus); ils étaient en 98 inférieurs à l'indice de référence de 1990...Mais Hors TVA....ce qui signifie que la TVA ayant augmentée, la baisse des prix a été absorbée par l'impôt.

 

L'AGRICULTURE

 

De 1970 à 1997 l'agriculture n'a cessé de perdre des emplois (2.750.000). Malgré un habile étalement le problème du chômage n'a pas été simplifié. Durant cette période le nombre des exploitations est passé de 1.588.000 à  735.000 et la surface exploitée a diminué de 1.400.000 hectares. Les friches sont même passées à 1.700.000 à la suite du gel de 15% des surfaces en céréales et en protéagineux.

En 97 et 98 la production de blé tendre est restée sensiblement la même (environ 260 millions de tonnes) ainsi que son exportation (91 millions de tonnes). Quant à l'orge, dont la production a augmenté de 7 millions de tonnes, elle a perdu 24% de ses exportations en 98.

Le rapport Raynaud signalait (1995) que les prix agricoles avaient fortement baissés de 1980 à 1992 ( 21,6% pour les végétaux et 23,9 pour les animaux) à la production mais que les prix de détails restaient supérieurs de 60% à la moyenne des prix pratiqués chez nos partenaires développés.

Les graves problèmes posés par le développement des cultures extensives, le recours de plus en plus important à la chimie, engrais et insecticides, qui polluent les terres, les eaux et même l'air, la monstruosité de l'élevage des animaux en batterie, l'insoutenable barbarie des techniques employées favorisant le développement des épizooties, suppriment le goût des aliments. Tout cela ne manquera pas d'avoir des conséquences encore inconnues sur la santé des populations. Les dangers de ces pratiques ne manqueront pas de provoquer un jour, le retour, espérons le, aux exploitations moyennes et traditionnelles. Faute d'une vigoureuse décision politique, une énergique et prolongée action du public sera nécessaire.

Fait-on tout pour assurer la continuité de la vie et du travail dans la nature et limiter le développement malsain des concentrations urbaines? On n'en est pas bien assuré. Par exemple le moteur à huile — non seulement pour les camions et les tracteurs mais également pour les voitures de tourisme — est paraît-il au point. L'utilisation de ce nouveau carburant permettrait un développement extraordinaire des cultures. Une décision aurait été prise dans ce sens mais le coût de fabrication reste, dit-on,

 élevé par rapport à l'actuel cours en baisse du pétrole. A-t-on bien calculé dans le détail que la suppression de toute taxe à la production et à la vente de ce carburant nouveau, permettrait , outre une considérable économie de devises, une diminution de la dépendance énergétique du pays, la suppression d'une partie importante des aides agricoles et des aides au chômage, ainsi qu'un retour à la vie saine dans la nature limitant l'excroissance des amas urbains qui posent tant de problèmes. Cet exemple n'est sans doute pas le seul.

 

LE LOGEMENT

 

La crise est également très sensible pour le logement. Certes la situation s'est améliorée de 1946 à 1997. Le nombre de personnes par pièce a diminué de 50%, le nombre de pièces par logement est passé de 2,7 à 4, la surface moyenne est passée de 68 à 88 m2 et le nombre de personnes par logement de 3,1 à 2,48. L'eau est désormais dans tous les appartements et les sanitaires dans 98%. Cependant " les moins de 28 ans vivent de plus en plus dans des logements surpeuplés depuis 1990 alors que pour les autres la situation continue de s'améliorer " déclare Mr louis Chauvel sociologue à l'Observatoire Français des conjonctures économiques cité par Alternatives Economiques 12 " la montée en puissance des allocations de logement, depuis le début de 1980 a permis d'éviter que des centaines de milliers de familles en situation précaire se retrouvent à la rue. Mais elle n'a pu éviter le développement de la pauvreté de masse d'une frange croissante de la population qui n'a plus accès au logement parce qu'elle n'a pas accès au travail stable.

En juillet 1995 le rapport Raynaud soulignait que l'importante activité Bâtiment - Génie Civil avait perdu 310.000 emplois entre 89 et 92 et que le nombre de sans-abri et des mal - logés ne cessait de croître. Ils étaient 2.250.000 en 92; il manquait 311.000 logements en France. Le rapport en donnait le détail (voir Annexe III) et précisait ; " la fiscalité joue un rôle très important dans la décision des investisseurs dans le secteur locatif ".

Selon le Bulletin de l'INSEE de janvier 1999 les logements " déclarés commencés " furent de 273.000 en 96, 271.000 en 97, et de 205.000 pour 1998 (10 mois).

 

LES TRANSPORTS

 

Air France

L'ancien directeur d'Air-France Mr Bernard Attali déclarait, fin octobre 1990, que le trafic aérien s'était accru de 7 à 9% pour les compagnies européennes mais seulement de 2 à 3% pour Air-France et qu'entre le premier trimestre 89 et le premier trimestre 90, la Bristish Airways avait augmenté sa flotte de 16 avions, la Lufthansa de 26 et Air-France de 2.

Le 25 avril 92 il annonçait, lors d'une conférence de presse, que le groupe avait perdu 712,2millions en 90 et que la décision avait été prise de supprimer 50 lignes déficitaires, 1.500 emplois et de bloquer les salaires dans les trois compagnies du groupe.

Depuis cette date plus de 4.000 emplois ont été supprimés et un nombreux personnel a été mis à la retraite anticipée.

Avant de quitter son poste Mr B. Attali avait précisé que les coûts d'Air-France étaient supérieurs de 20% à ceux de la British Airways.

Marine Marchande

En 1976 notre flotte de commerce transportait 658 milliards de tonne/mile. Elle n'en transportait plus que 190 milliards dix ans plus tard.

En 1990, les Messageries Maritimes et la Compagnie Générale Transatlantique regroupées ne disposaient plus que de 23 navires au lieu de 144 en 1954. Il ne restait plus, en tout, que 3.350 officiers et 11.630 membres du personnel navigant contre respectivement 9.930 et 43.550 trente ans plus tôt.

Au cours de l'année1990 c'est sous pavillon étranger que 87% des produits étrangers étaient importés en France par voie maritime et 78% de nos produits français exportés.

En 1988 le Sénat avait attiré l'attention sur le fait que 50% était le seuil à partir duquel la "France tombait en état de dépendance".

En 1998 nous ne disposions plus que de 8.000 marins et notre flotte marchande était descendue à la 28 éme  place dans le monde.

Transports Routiers

En septembre 1993, une note de synthèse de " l'Observatoire Economique et Statistique du Ministère des Transports " précisait que les prix de nos transports routiers devraient être plus élevés de 15 à 22% car :

" Le maintien de la compétitivité ne peut bien souvent être obtenu qu'au prix d'entorses à la réglementation : excès de vitesse et surtout non respect des temps de conduite. Outre, la détérioration de la condition sociale des salariés du secteur, cette situation accroît l'insécurité sur les routes ". Cela signifie en clair que si l'on appliquait la réglementation française, il ne roulerait sur nos routes que des camions étrangers 13

Qu'a-t-on fait depuis ? Rien!....Si!...on a augmenté les impôts et les taxes.

 

LA DEFENSE NATIONALE

 

Il est bon de revenir sur le Rapport au Premier Ministre de la Commission d'évaluation de la situation économique sociale et financière de la France de juin 1993, Président Jean Raynaud.

Selon ce rapport célèbre, "Opération Daguet" au Koweit, il révèle que notre armée ne disposait pas de stocks de munitions. Pour équiper notre contingent le gouvernement a emprunté à l'Allemagne :

¾    1.700 missiles anti-chars

¾    92 postes de tir

¾    2.000 missiles anti-chars HOT à monter sur nos hélicoptères.

Le rapporteur de la Commission de la Défense Nationale de l'Assemblée a déclaré à la mi - novembre 93 sur France-Inter que pour équiper ce contingent de 12.000 hommes il avait fallu " déshabiller " 40 de nos régiments.

La guerre du Golfe a démontré que nos troupes d'intervention n'avait pu être utilisée pour une attaque frontale mais comme couverture à l'aile, à l'équivalent de ce qu'était autrefois la cavalerie légère. Encore a-t-il fallu lui fournir l'appui d'une division lourde américaine.

Selon les experts 96% des armes que nous utilisons ne peuvent être produites par notre industrie de l'armement qui emploie 270.000 salariés. Elles coûtent deux fois plus cher que les mêmes à l'étranger. "La politique d'indépendance nationale en matière de programme d'armement conduit dans une majorité de cas à acquérir près de deux fois moins de matériel  au profit de nos forces pour la même somme".

Le char Leclerc coûtait en 91, Ø 50 millions de francs et le Mirage 2000, Ø 24 millions de dollars contre 16 millions pour le F 15 américain entièrement informatisé.

Les mêmes experts nous affirment que nous manquons d'argent pour tout que les programmes d'investissement sont à l'arrêt que nous n'avons plus les moyens d'entretenir nos forces armées au niveau d'alerte technique et à plus forte raison de les compléter et de les moderniser.

Les retards s'accumulent pour les livraisons des avions d'intervention, terrestres et maritimes. L'entraînement des troupes, des pilotes et des marins est, dit-on, sacrifié parce qu' onéreux. Les avions non opérationnels ne sont pas entretenus. De1990 à 1993 les réductions du budget étaient de 20%.

Aujourd'hui le public ne sait plus où nous en sommes. Les difficultés éprouvées par notre contingent lors de l'affaire du Kosovo ne permettent pas de penser que la situation de notre armée, en particulier de notre marine et de notre aviation, s'est améliorée.

 

LES BUDGETS PUBLICS

 

Depuis de nombreuses années nos budgets publics ne s'équilibrent plus, les déficits s'accentuent, bien que les prélèvements fiscaux soient en augmentation constante depuis 25 ans.

Le 4 octobre 1994 le rapport Meraud au Conseil Economique et Social sur " La dépense publique en France " nous précisait les chiffres suivants pour l'année 92 (en milliards de francs) :

¾    Dépenses des Administrations centrales                                      1491

¾    Dépenses des Administrations locales                                            701

¾    Dépenses des Organismes de Sécurité Sociale                            1646

¾    Total                                                                                              3838

¾    Total corrigé pour doubles

¾     emplois                                                3735

Le produit intérieur brut était de 6.987 milliards

Le total des dépenses publiques atteignait donc 53,3 % du P.I.B.

Le même rapport note que de 1959 à 1992 le rapport Dépenses : P.I.B a régulièrement augmenté de 0,4 point par an.

Pour 1997? selon les références extraites du Bulletin de janvier 99 de l'INSEE, donc officielles, la situation se présentait ainsi, toujours en milliards de francs :

*                     Dépenses du budget général                                                1564

*                     Dépenses de la Sécurité Sociale                                          1292,7 14

*                     Dépenses des Administrations locales                                   750

*                     Total                                                                                     3606,7

Dette Publique                                                                                      4618

Dépenses annuelles plus Dette Publique                                              8224,7

Montant du P.I.B                                                                                   7860,5

Le montant des Dépenses Publiques annuelles augmente et la Dette Publique dépasse le montant de l'activité annuelle du pays.

Ces chiffres 15 ne tiennent compte, ni des dettes publiques "planquées", ni du montant des retraites des fonctionnaires engagées. Il y a aujourd'hui une promesse de 100.000 milliards à assurer. Ce chiffre correspond à ce qui doit être versé aux fonctionnaires pendant leur retraite 15 bis

Les rentrées fiscales étant de plus en plus insuffisantes on a eu et on continue à avoir recours à l'emprunt, expédient que Mr Balladur a continué à utiliser, bien qu'il ait affirmé dans sa déclaration de politique générale le 9 Avril 93 : " il s'agit d'éviter à notre pays d'éviter le piège mortel de la dette dans lequel les économistes de bon nombre de nos partenaires sont en train d'étouffer". Bien qu'il ait eu la claire conscience du danger, il n'a pas trouvé la solution. La France cumule les déficits publics les plus élevés de l'Union Européenne (voir Annexes IV et V).

Tout ce qui publie, éditeurs, presse quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, radio, télévision, répète jour après jour le mêmes commentaires approbateurs ou critiques en phrases creuses, les mêmes idées générales, les mêmes banalités parfois relevées de quelques formules à prétention philosophico - littéraires, mais personne ne publie les solutions techniques susceptibles d'avoir prise sur le réel et capable de le changer.

 

LES SALAIRES ET LES PRIX

 

En vertu de l'article 105 du Traité instituant la Communauté Européenne l'objectif principal du SEBC (Système européen de Banques Centrales) est de maintenir la stabilité des prix.

Lors de la réunion du 13 octobre 98 le Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne a adopté la définition qui fut prise lors de l'accession de la Banque de France à son statut d'indépendance il y a six ans.

Cette définition est la suivante : " la stabilité des prix est définie comme une progression en un an de l'indice des prix à la consommation harmonisée, inférieure à 2% " (cf : Rapport du Gouverneur de la Banque de France au Président de la République sur l'exercice 1999, achevé de rédiger le 28 avril 2000).

Dans le rapport (page 35) on trouve le commentaire suivant : " Les coûts de production dans le secteur manufacturé, représentés par leur principale composante — les coûts salariaux unitaires — sont des indicateurs importants pour l'analyse de la compétitivité d'un pays", car une hausse des coûts entraîne une diminution des marges de profit, donc une perte de compétitivité".

On ne saurait contredire une telle assertion.

Mais son auteur ne fait aucune allusion aux prélèvements obligatoires qui n'ont jamais cessé d'augmenter d'année en année depuis 1968. Ils s'élèvent aujourd'hui à 34% des prix de revient, c'est à dire autant que les coûts salariaux.

Ainsi la définition française de la stabilité des prix est-elle devenue européenne, ce qui va provoquer des mouvements dans toute l'Europe. Les prix peuvent ainsi augmenter en dix ans de plus de 20% (par cumul) sans qu'on en tienne compte pour les salaires....

Comme le souligne cet aveu dans le rapport : " la politique de désindexation des salaires depuis le milieu des années 80, a porté ses fruits. Le mouvement traduit à la fois la modération des salaires et l'accroissement de la productivité du travail ". On ne peut être plus clair.

Nos dirigeants n'ont sans doute jamais entendu parler de cet état de fait et n'ont bien sûr rien prévu. Il faut pourtant prévenir les inconscients qui sont assis sur le couvercle que la marmite pourrait bientôt sauter.

Nous en sommes là !

En s'entourant de conseillers, prélevés sur les administrations, nos hommes politiques se sont laissés dépouiller du pouvoir de réfléchir en direct sur les faits et d'imaginer les solutions réalistes qu'ils nécessitent.

L'administration est une tâche répétitive, la politique est un domaine de création.

Sur des renseignements faux, comme naguère en U.R.S.S, sur les mêmes formules inadaptées, sur des techniques usagées qui nous ont amenés au bord du gouffre, on fait croire à la gauche comme à la droite que ce qui a désagrégé le pays pourra un jour le faire revivre.

C'est là tout le drame.

 



5 Le montant publié de la dette publique ne comprend pas les prélèvements pratiqués dans les réserves des organismes financiers publics (type CCP)

6 Bel exemple de l'identité et de la continuité des pratiques politiques de la droite et de la gauche....

7 Thierry Pfister - "La République des Fonctionnaires".

8 Philippe Guillaume "La République des clones".

9 Stages de formation : 50.000 - Contrats de qualification et d'adaptation : 180.000 - Contrats "emplois et solidarité": 370.000 - Emplois "jeunes" 58.000 - Insertion par l'économique (?) 48.000 - Aide de retour à l'emploi (?) 34.000.

10 Rapport Banque de France - Exercice 98

12 Alternatives Economiques - Hors série N° 38 4 ème trimestre 98.

13 Sous tarification du transport des marchandises par Jean-Pierre Puig, directeur et Maurice Girault, chef - adjoint département des Etudes de la Planification.

14 Surprenante baisse inexpliquée de ces dépenses.

15 "L'Etat se livre à la cavalerie" Ch-Amédée de Courson membre de la Commission des Finances à l'Assemblée

15 bis Louis Bériot - Abus du Bien Public - Plon.



09/03/2012
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