Français concertants, échangeant

Français concertants, échangeant

Le Gouvernement par tirage au sort !

STOCHOCRATIE – Une manière originale d’élire les politiques. (Chiche ?)

 

Ce Conte s’achèvera à l’Elysée en Juillet  2..... Le fou d’un Président l’atteste !

Le nouveau président de la République venait d’être élu. Il était présent dans la cour d’honneur, entouré de ses ministres. Il devait son titre -- de Berger - Président -- à une réforme constitutionnelle. L’ancien Président, fatigué d’être secoué par les pressions populaires, avait été tenu à la mettre en forme. Le référendum corollaire avait été approuvé à une écrasante majorité. Le peuple découvrait ainsi sa souveraineté.

Les Français sont joueurs, vous le savez. Le Morpion, dont on ne parlait dans les années d’après - guerre qu’entre gens avertis, se retrouva dans toute sa vulgarité commerciale dans les tabacs et peut-être même dans les perceptions ; l’argent n’a pas d’odeur, n’est-ce pas ? Les morpions c’est moins sûr ! Il est là, en tout cas, aujourd’hui pour témoigner.

L’ancien Président qui savait, naguère, jouer à cache-cache avec les huissiers lorsqu’on lui portait une sommation interpellative avait un jour pris conseil près d’un de ses joyeux bouffons du Palais alors qu’ils étaient tous les deux cachés sous l’arche du pont du jardin japonais agrémentant le parc, se dérobant ainsi aux yeux de tous. Le fou préféré du Président qui excellait en chiromancie et voyance, lui avait susurré à l’oreille que l’heure était venue de faire jouer les Français.

A quatre pattes, le dos voûté sous l’arrondi de la pierre du pont, afin de se dérober aux yeux de l’huissier, il venait de confier au maître des lieux, ceci : 

¾   « la stochocratie, cher Nicolas, c’est le gouvernement par le hasard !....oui vous prenez 99 candidats, 1 dans chaque département choisi par exemple par des sages, des vrais, .... attention ! ». Son doigt heurta malencontreusement la maçonnerie. Il esquissa une moue douloureuse et reprit :

¾   « Chaque homme choisi par des sages n’ayant jamais flirté avec le pouvoir sera représenté par le chiffre correspondant à son département. Ainsi 99 boules numérotées de 1 à 99 représenteront les candidats. Dans la foulée, vous confiez ces mêmes boules à la « Française des attrape-nigauds », qui se fera un plaisir un soir, de remplacer son tirage du loto par le tirage du Président. Il suffit alors de présenter la liste à chaque français, de décider avec les média du jour et de l’heure du tirage, et le tour est joué. Plus de papier, plus de gaspillage, plus de réunion. Vous obtenez alors un Président dans l’heure, sans cassement de tête. Un vrai, un guide sans bourse déliée ».

Le Président toujours accroupi sous l’arche, en compagnie de son inséparable conseiller réfléchissait dans une mauvaise, très mauvaise posture. Soudain  --  alors que les appels lancinants de l’huissier, se perdaient dans le bosquet assez proche --  il se sentit prêt à confier sa pensée au petit sorcier qui lui avait jusqu'à l’heure évité tant de désagréments.

¾   « Sais-tu que l’idée est excellente ! d’autant qu’aujourd’hui, cela n’a guère d’importance, puisque je ne m’occupe plus de rien. Tout m’est dicté de la Pyramide, et je n’ai plus qu’à obéir en faisant croire à mes sujets que tout sort de mon jardin. Il n’est plus possible d’être à ce point bridé ! Tu es, Félix, génial !...... Ça va, on peut sortir, je m’aperçois que le signal rouge de ma puce est devenu vert »; il regardait en direction de sa main, précisément sur la partie externe, où un léger renflement de la peau, indiquait la présence d’une intruse lançant de pâles lueurs colorées. Le président n’arrêtait pas le progrès. Il ressemblait à un ver luisant excepté que....sa lueur était autrement placée et ne brillait pas que la nuit.

L’huissier de guerre lasse avait abandonné les lieux. Il était parti, sans laisser la sommation. Le Chef de cabinet s’était lui, réfugié dans les toilettes pour éviter l’intrus. Pas question pour le Président d’être responsable, pas plus que coupable ! Pas de papier officiel, pas de preuve !

  -- « Quand je pense reprit-il, qu’ils sont tous à me courir aux fesses pour me remettre un moratoire sur les dangers peu probants d’une pollution des vaccins par du sérum de veau ! Ils déraillent ces malades de la liberté vaccinale ; si ce sérum était Anglais ou de veaux français, je pourrais comprendre, mais les laboratoires français ne sont pas tombés sur la tête ! En effet, dit-il avec le plus grand sérieux d’un homme qui connaît bien son affaire, nos chercheurs ont eu l’excellente idée, caractérisée par une morale irréprochable, de faire venir le sérum de veaux américains. Les vaches là-bas, c’est ce que l’on dit en France, n’ont pas la tête folle, bien au contraire, elles ont tout simplement une indisposition dite de la bête couchée, ce qui somme toute est bien normal puisqu’on leur injecte une hormone dite somatotrophine de façon à ce qu’elles puissent produire davantage de lait. En conséquence, nos chercheurs ont péremptoirement déclarés, encore hier en assemblée que ce n’est pas une maladie, mais une faiblesse passagère. Mais revenons à nos moutons trembleurs, Félix. Nous allons mettre ton idée à exécution ».

Ce qui fut dit fut fait........ .

Aujourd’hui le nouveau Président - sorti de la sphère métallique, par l’intermédiaire d’une boule plus rapide que les autres, un peu comme le plus vif des spermatozoïdes dans une course bien spéciale, arrivait de bien loin. Un département où les corbeaux portent les lettres. Soixante ans sonnés, ne les paraissant point, il souriait à tout ce monde et les invita d’un geste large et protecteur, à venir lui parler du pays dans le salon principal. Lorsqu’ils furent tous assis, il leur tint à peu près ce langage.

¾   « Mes chers ministres, je vous ai demandé de venir ce matin, afin que nous réglions rapidement un problème majeur : il toussota légèrement, puis poursuivit. Vous savez, tout comme moi, les problèmes qui assaillent nos chers concitoyens de notre grande cité. La pollution automobile est à son comble, et personne ne semble trouver de solution. Pourriez-vous Madame le Ministre des transports, madame le Ministre de l’écologie nous transmettre les résultats des experts que vous avez rencontrés hier ? ».

Madame Tenyov, sacrément embarrassée ne put que baisser la tête ; sa collègue des transports en fit tout autant, puis, comme si elles s’étaient donné le mot, elles répondirent en cœur : « -- il nous est  impossible de faire quoique ce soit, monsieur le Président ! ».

Le président, les regarda longtemps avec amusement. Ses origines terriennes -- d’un pays incomparable, tant sur le plan de la race qui le peuplait, que sur les paysages d’une indicible beauté soulignés par des couleurs vives et conquérantes -- lui avaient donné une calme assurance, auxquelles se mariaient souvent des répliques pétries de bon sens, une vision aiguë et cohérente des problèmes de n’importe quel ordre, une faconde inimitable.

  --  « Vous m’étonnez, chères dames, vous m’étonnez ! Heureusement que le sort m’a mis à votre tête. Nous allons --  dès que je vous aurai entretenu de ce que j’ai appris à ce sujet -- prendre le taureau par les cornes, (pas fou, ni vacciné ce nouveau Président), et désormais faire en sorte que les députés soient eux aussi nommés stochocratiquement ».

Voici ce que fut à la virgule près, la réponse que nos ministres cherchaient désespérément auprès de leurs énarques conseillers.

* « Au cœur de l’Amérique profonde, s’étale un ville de 800.000 habitants, nommée Danvers. Elle était polluée à un point tel que, les enfants restaient enfermés dans leur classes pendant les récréations. Le gouverneur du Colorado, contraint par de puissantes associations, créa une commission d’enquête. Durant toute l’année 1986 les auditions se poursuivirent dans un climat survolté, les militants exigeant des pétroliers une essence reformulée, contenant plus d’oxygène et moins de carbures aromatiques. Après maintes reculades, les trusts du pétrole furent obligés de s’exécuter. Une essence nouvelle naquit. Le 1er janvier 1995, elle était distribuée à la pompe. L’augmentation du prix se révéla négligeable quant aux résultats obtenus : une réduction moyenne de 27% des émissions toxiques. En Californie les normes sont encore plus sévères, si bien qu’en 1996, première année d’utilisation de ce nouveau carburant, les capteurs d’air californiens ont mesuré le plus faible taux de pollution à l’ozone depuis 40 ans.

Or, en Europe, les mêmes multinationales qui fournissent aux Américains ces nouveaux carburants moins polluants traînent les pieds pour en produire. Ce retard désastreux requiert une politique audacieuse et volontariste d’investissement. Bruxelles s’est impliquée dans l’affaire et prévoit, à l’horizon 2005, une réduction de 60 % de la pollution par rapport au niveau actuel ».

Le Président jeta un regard réprobateur sur deux personnages cravatés, tirés à 4 épingles qui venaient de rejoindre subrepticement l’assemblée. Il leur lança avec une pointe d’humour béarnaise :

¾   « Diou biban, messieurs les conseillers ! à quoi diable êtes-vous bons ? Croyez-vous que vous puissiez jouer longtemps à nous damer le pion ? Vos salaires royaux agrémentés de primes non moins princières des Compagnies qui vous employaient naguère, vous permettent-ils de telles omissions dommageables pour la société ?.Attendrez-vous les directives de Bruxelles ? Nous allons reprendre notre souveraineté ».

Le doigt tendu, le ton devenu rageur il les pria de sortir sur le champ.

L’affaire était entendue, les ministres suivirent l’exemple du Président. Ils se levèrent, et suivirent ce denier qui, sans crier gare, les invita à se diriger vers le vieux car de service du Palais. Cet autobus avait été transformé par un bricoleur, ami du Président. Il démarrait à l’essence, puis peu à peu, à mesure que les chambres d’explosion atteignaient la température idéale, s’introduisait un mélange d’huile et d’eau qui faisait merveille. Le véhicule roulait sans faiblesse et son échappement ne dégageait aucune pollution. Ils partirent en direction de l’Assemblée Nationale, où, l’annonce risquait d’émouvoir les représentants de la Nation. Les bricoleurs prenaient le pas sur les ingénieurs.

LES DEPUTES ALLAIENT APPRENDRE QUE LA CONSTITUTION SUBIRAIT APRES REFERENDUM -- LE PEUPLE S’EN CHARGERAIT -- UN SACRE RAVALEMENT DE FACADE: DEPUTES ET SENATEURS SERAIENT DANS PEU DE TEMPS NOMMES STOCHOCRATIQUEMENT.

Un vieux rêve du Sire de Cottanceau et du dandy Domergue allait se réaliser. Il fallait craindre pour ces redoutables bretteurs verbaux, une possible attaque cardiaque...de joie !. Mais qu’allons-nous penser ! Il se protégeait si bien grâce à des prises régulières de vitamines C et de moût de pain, le Brottrunk, Kanne, un produit naturel allemand -- Quand je disais qu’il ne fallait jamais rompre définitivement avec son pire ennemi, à condition toutefois que ce ne soit, ni un imbécile, ni un homme déloyal.

Diégo Der.(Conteur hélas décédé depuis peu des suites d’une vaccination contre les oreillons).



* Stochocratie : Gouvernement par le hasard (tirage au sort des mandatés remplaçant les élus). Roger de Sizif Ets Les belles feuilles

Jean-Marie Pelt « La terre en héritage » page 72 et 73. Editions FAYARD.



19/02/2012
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