Français concertants, échangeant

Français concertants, échangeant

Le Pouvoir, L'Avoir et l'intérêt . Vices et vertu. Conte récent.

 

 

 

 

 

L'ombre de ce visage sévère a toujours contrarié Banquiers et Politiques.

Le seul ayant compris que l'on ne peut engraisser l'humain à l'eau claire.

 

 

AU COIN DU FEU,

L’AVOIR, LE POUVOIR, LE VICE..dans l’Intérêt

L’ETRE ET LA VERTU pour le partage NATUREL.

 

 

Près de chenets joufflus et noirs, de vieux sarments dépenaillés, désabusés, les reins brisés, « carmagnolent » de désespoir.

 

Sans ajouter d’autres quatrains poétiques à cette intime rencontre nous allions devenir, grâce à la plume du conteur, les témoins d’un engagement verbal entre le Président de la république et l’un de ses plus ardent contradicteur. Contradicteur, bien décidé à ce que tombent les masques. Le sujet portait, en cette nuit de janvier, sur l’Economie française. Sujet tabou n’ayant jamais été évoqué aussi précisément. Quel vent piquait donc les médias ?

 

Il n’était plus question de se défiler, ou d’en rester aux éternels discours propres aux économistes distingués. Il fallait redéfinir l’économie, la comprendre, la dominer en partant de sa définition éthymologique. De là, saisir la tournure que prit l’Economie — énorme mystification perverse, à l’avantage de quelques privilégiés, qui durant toute l’histoire, à partir du XVII ème siècle — lésa énormément la majorité des citoyens. À commencer par les paysans, que nous fûmes presque tous. La pauvreté contamina, jusqu’à nos jours, les 98% de la population. Avec des transformations capricieuses au gré des événements dont le résultat ne pouvait que nuire au peuple.

 

Devions-nous accepter — sur le plan juridique, de la morale, humainement parlant, — de prêter à un exploitant agricole avec intérêt alors que les récoltes sont tributaires de nombreux aléas, pouvant être anéanties, ruinant dans ce cas l’exploitant ? Naissent alors les mondes des serfs et des esclaves.

 

De plein pied, près des flammes.

 

La salle était vaste. Des voûtes d’arêtes la surplombaient laissant pendre au 4 extrémités de l’intersection des lampadaires finement travaillés aux verres diaphanes. De larges tomettes provençales, vielle tuile, habillaient le sol recouvert par endroit de riches tapis orientaux. L’ancienne cheminée, transformée habilement par des mains expertes, mettait en relief un insert qui se moulait autour de faïences beige finement décorées. La ressemblance avec les poêles alsaciens frappait le visiteur. L’efficacité de la chauffe n’était pas à démontrer. La chaleur douce pénétrait les trois personnes présentes.

 

Assis, ils faisaient cercle autour du puissant chauffage économique. Le personnage situé face à l’insert, impeccablement habillé d’un costume de velours bleu laissait apparaître un gilet de même couleur que l’habit duquel émergeait une cravate de soie aux couleurs chatoyantes. Le visage indiquait sa qualité ; sûr et volontaire, le journaliste, dans toute sa splendeur.

 

De part et d’autre deux autres hommes. A gauche du premier cité, un grand gabarit filiforme, droit comme un I. Le cheveu rare rejeté vers l’arrière du crâne, le regard appliqué. Il se dégageait de ce visage, rodé par les événements, patiné par le temps, transformé par le bistouri, une énergie calculatrice, intéressée. Un être auquel les hommes avertis n’auraient jamais donné le Bon Dieu sans confession. Son timbre de voix suave, feutré donnait à son élocution une espèce de complémentarité persuasive très dangereuse pour qui se laissait envoûter. Un tragédien loin d'être occasionel, entraîné à séduire.

 

A droite du journaliste —assis sans manière, décontracté, très attentif aux comportements et réactions des deux autres protagonistes — un personnage sympathique au visage buriné, tempéré cependant par de nombreux jeux de physionomie, laissait transparaître à la fois, le mûrissement de l’adulte et l’éclair du regard propre aux hommes de prompte répartie ne se laissant jamais subjuguer, le tout ourlé d'un sacré bon sens.

 

Le début de l’entretien s’annonçait.

 

Le journaliste prévint les deux invités qu’il était nécessaire d’accoler à la joute oratoire la définition même du sujet abordé. Ainsi la définition de l’économie suivant le Petit-Robert :

« Moderne - Science qui a pour objet la connaissance des phénomènes concernant la production, la distribution et la consommation des ressources, des biens matériels dans la société humaine. Economie politique (1773) : étude des besoins, de l’organisation de la production, de la circulation des richesses et de leur répartition.

 

Partant de définitions simples et complètes, comprises par tous, le journaliste précisa qu’il était de mise d’être tout aussi compréhensible afin que l’émission soit acceptée de tous. Il fallait à tout prix que l’Economie ne soit plus l'affaire de spécialistes mais devienne bien un débat citoyen. Chaque consommateur devant être considéré comme acteur patent.

 

Afin d’éclaircir le mystère, tenter de résoudre le paradoxe entre nos potentielles richesses et notre marche forcée vers l’appauvrissement, il leur posa la question que se posaient tous les Français. Comment est-il possible qu’à l’heure actuelle nous puissions constater que plus de 6 millions (effectifs bien que partiellement cachés) de chômeurs « pinaillent sur notre territoire » et que 25% de notre peuple se retrouve dans une quasi - indigence, compte-tenu du fait que les progrès du machinisme, évolution des techniques, mise en place pour la production de robots ultra-sophistiqués, devraient avoir eu raison, par une abondance assurée voire démontrée, de la pauvreté.

 

Le Président eut le premier la parole. Ses arguments, chacun les connaissait. Une relance de la croissance, la réduction de nos gaspillages, une meilleure conjoncture ne pouvant tarder nous ne devrions plus être dans les mois qui allaient suivre dans une telle situation. Ceci accompagné de mesures comme la baisse des impôts, allégement des charges des entreprises, dont la disparition momentanée de la taxe professionnelle...bref rien que des effets alors que le mal venait d'une mauvaise circulation des monnaies, d'ailleurs payantes bien qu'elles représentaient la valeur globale, de l'intérêt indu, enfin d'un manque de réalisme de la part des économistes et gouvernants face aux révolutions technologiques qui ne permettaient plus les salaires des laissés pour compte. Pour finir l'aveuglement des gens de droite qui croyaient encore au capitalisme qui ne faisait plus de profit .

 

L’exposé du contradicteur fut d’une toute autre facture. Elle mettait bien en exergue les défauts du système, apportant en sus quelques pistes nécessaires à neutraliser de tels effets dévastateurs.

Si nous nous dirigions vers cette pauvreté inéluctable, que chacun devine, elle prenait ses origines dans l’Economie de marché (système suranné, puisqu'il ne profite qu'en temps de pénurie, sachant que nous sommes en période d’abondance de biens) qui exige un rendement financier maximal du capital investi dans un laps de temps le plus court possible et qu’en conséquence tous les employeurs sont contraints de supprimer la main-d’œuvre dans les processus de production. Le chômage qui en résulte, supporté par la collectivité, laisse les ouvriers dans l’impossibilité de consommer correctement.

 

Ceux qui ne peuvent acheter ruinent ceux qui veulent vendre.

 

Oublier que notre système monétaire fonctionne en grande partie sur le fait que la monnaie est générée par l’endettement (la création de la monnaie est liée (à plus de 80% aux emprunts) alors que la parité, entre monnaies et richesses produites, devrait être scrupuleusement respectée.

 

Ne serait-il pas plus logique, vu les progrès enregistrés dans les diverses fabrications utiles et consommables que nous fixions la valeur de cette production globale et que nous répartissions par l'émission monétaire gratuite (simple moyen d’échanges) — qui serait à nouveau créée par l’Etat, — ces différents produits sur tous les consommateurs ?

 

Il faut aussi savoir que chaque fois que l’Etat emprunte (inutilement puisque l'Etat c'est le peuple et l'abondance de nos fabrications nous mettent à l'abri du besoin et de demandes de crédit), les prêts qui lui sont consentis coûtent chers à la collectivité.

 

Ils se répercutent nécessairement sur les impôts. Dans le secteur des entreprises, c'est identique ou presque : les prix des matières et des biens fabriqués augmentent à cause de l'emprunt. D’autre part l’intérêt de l’argent prêté est source de paupérisation. Il déséquilibre l’économie en provoquant l’inflation, puisque l’argent prêté (montant de l’intérêt) par les banques (création artificielle) vient augmenter le volume des sommes existantes, s'incrustant dans les tirelires des seuls nantis qui devraient servir uniquement aux transactions marchandes.

 

Sachons également que plus la monnaie circule plus l’économie prospère. Dans une ville, un village, si les biens sont produits (cultivés, élevés, fabriqués) d’une manière diversifiée et en nombre suffisant pour tous, aucun facteur ne peut entraver les échanges ou établir la pénurie, hormis le manque d’espèces nécessaires aux achats ou aux ventes, ou la volonté d’en tirer profit avec l’intérêt à l’appui. Un dernier facteur doit être évoqué : la demande citoyenne.

 

Quelles que soient les solutions de substitution employées par les gouvernements (petits métiers, expansion industrielle démente, industries du gadget, grands travaux, etc.) rien ne remédiera à la cause de tous les maux. On ne peut préférer au bien commun, le profit en mettant le moteur intérêt en première ligne : c’est contraire au sens de l’économie, voire criminel. L’intérêt, par essence, est générateur de dettes trop souvent inextinguibles et de perturbations perverses. L’intérêt crée le rentier, le colonialiste, l’être inutile puisqu’il ne travaille pas, ne produit aucune richesse.

 

La monnaie devrait-elle porter intérêt, alors que les biens et les marchandises périssables subissent une moins value ?  Economistes, par faveur, répondez !

 

Dans ce même système de profit à outrance, il arrive nécessairement, vu la concurrence, (dont la chute des prix) que le seul moyen, pour les privilégiés de faire des bénéfices, soit de se tourner vers les armements, la drogue ou la spéculation.

Nous sommes loin des définitions de l’économie. Sans calcul d’ailleurs inutiles, sans latin ou termes spécifiques, d’une manière simple, bien qu’incomplète, nos économistes distingués auront du soucis à se faire pour les prochaines décades si chacun s’emploie à méditer sur ce conte réaliste.

 

L’entretien était clos. Les trois hommes se fuyaient du regard alors que l’assistance médusée considérait avec respect l’homme qui venait de s’exprimer.

 

Le vice et la vertu s’étaient confrontés quelques minutes. Le président représentait l’avoir et le tenant d’une minorité en quête de richesses faciles à exploiter. L’opposant confirmait sa préférence pour l’être, et l’immense majorité des laissés pour compte qui ne demandait que l’essentiel pour vivre, prête à collaborer pour plus d’équité.

 

Pas de survie sans activité, pas d’activité sans une marge profitable, pas de profit sans échange, pas d’échange sans monnaie. (Silvio Gesell). Jacques singea Pilate en faisant mine de se laver les mains. Il ne laissait pas le soin aux banquiers de se déterminer après cette démonstration : il attendait que ces requins mangeurs d'hommes, finissent par mâcher leurs billets, obligations, actions et titres divers puisque ces derniers avaient privé les producteurs de leur principale motivation qui faisait vivre le Monde.

 

Diégo - Der

 



19/01/2013
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