Français concertants, échangeant

Français concertants, échangeant

Un berger Economiste et son illustre leçon de bon sens

 

 

 

Les loups, moins dangereux que nos banquiers carnivores du fruit du travail collectif

 

 

 

 

 

 

 

 Conte du berger économiste, ou l’aube d’une économie nouvelle

 

Inutile d’évoquer une date ou un lieu ; chacun comprendra que ce conte vraisemblable aurait pu se dérouler en n’importe quelle période, en n’importe quel lieu de France, de Bretagne ou de Navarre. Ce jour là, je rejoignais, dans son alpage celui qui devait me donner une magistrale leçon de bon sens.

 

Un petit chalet de bois minuscule abritait le berger. L’arrière de la construction donnait sur l’enceinte qui protégeait les bêtes pendant la nuit. Sur le banc, prés de la porte, il m’attendait. Couteau à la main, il coupait de fines tranches de pain qu’il mariait au fromage de brebis avant de le placer avec élégance à la portée de sa forte mâchoire carrée.

 

Il se frotta les mains, fit voler les quelques miettes qui s’éparpillaient sur son pantalon de velours, me tendit la main, en me souriant.

 

D’entrée, sans fioritures, il attaqua :

« Vous les gens de la ville, avez coutume d’aller à Rome - nous aurions pu être dans la région de Gap - en passant par les pôles ».

 

Il me regarda, fit une grimace de gêne qui contrastait avec son impressionnant gabarit. Il devait se rendre compte que sa première réflexion risquait de me mettre mal à l’aise. Il s’excusait à sa façon.

<< Vous avez toujours voulu le moderne, le rentable, vous vous êtes risqués à sortir des normes imposées par la nature. Aujourd’hui, vivant dans le virtuel, entourés de produits manufacturés, trop souvent inutiles ou superflus, à la merci d’une insipide nourriture, vous acceptez, même, que l’on remplisse vos chèques à votre place, ne vous révoltant pas aux menaces de puces électroniques pour mieux vous asservir, jusqu’à flirter avec des poupées gonflables offertes dan les magasins Q ! Une bergère au parfum des herbes de la montagne, les cheveux fous, la réplique facile, le corps au moment opportun lascif, ne vous intéresse guère >> .

 

Il passa sa main dans ses cheveux, puis enchaîna : << L’économie, dont vous me rabattez les oreilles lorsque par hasard j’écoute vos émissions radiophoniques, bien que cela puisse paraître paradoxal, est vieille, démodée, immorale. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard. En effet depuis que l’un d’entre-vous à découvert le billet de banque et que son coquin de cousin banquier a greffé l’intérêt dessus (cet intérêt ne correspond à rien, sinon à un vol manifeste [on ne fait pas fructifier l'argent par l'argent, mais bien en vendant le fruit de son labeur), vous avez été prisonnier d’un système qui vous a toujours joué de sales tours.

 

Les guerres, parlons des dernières ont été fomentées par votre gauche et par cet intérêt. Les divers trafics d’esclaves, la vente d’herbes psychotropes, le marché en règle générale a toujours eu des commis apatrides prêts à tout et toujours les mêmes, je préfère taire leur origine. Ils ont même empoisonnés [destruction des défenses immunitaires] les Indiens avec leur rhum. L’ignorance des journalistes a été telle qu’ils n’ont pas hésité à dire que c’était les Espagnols qui avait transmis la tuberculose aux naturels ! ! ! Pauvres cervelles, quel mauvais raisonnement ».

 

Il sortit sa pipe, la bourra, me regarda, toujours avec un sourire d’enfant désirant se faire pardonner, mais n’en poursuivit pas moins son raisonnement. Ce corps musclé contrastait avec cette philosophie insolite, directe, étayée, modulée par la voix, douce, souple mais péremptoire.

 

<< Revenons à nos moutons, (il s’excusa d’un geste, il venait de penser aux siens) et entrons dans le vif de l’histoire, fit-il, après avoir tiré fortement sur la pipe.

 

L’économie, telle que je la vois est, du moins en théorie, beaucoup plus simple que celle apprise sur les banc de faculté, imbuvable ! Tu comprends bien que les toubibs et les prêtres en leur temps avaient le monopole sur nous avec leur latin et leur croyance. Aujourd’hui les économistes gouvernementaux s’emploient à leur ressembler. Ils cachent leur inaptitude sous des termes comme : trader, financiarisme, dumping, ex-post, ex-ante, ou composant des graphiques me rappelant les hyperboles et paraboles d’équations secondaires. Il n’est plus question d'échanges ou de commerce mais davantage de spéculer sur le dos des besogneux.

 

Or, petit me dit-il, (il venait de soulever son immense carcasse en regardant un instant le ciel, son regard pénétra le mien et ses mains commencèrent à envelopper sa chose qu’il voulait à tout prix me confier) c’est tellement évident que personne n’a osé s’exprimer sur une technique d’artiste aussi simple. L’économie, mon fils c’est l’art de répartir ce que nous produisons, cultivons, élevons. Il faut savoir que mieux elle est répartie, tout en sachant donner au meilleur la carotte qui fait avancer la bourrique, moins il y a de rancunes, de guerres ou de révolutions.

 

L’économie, c’est la balance du pharmacien, il y faut doigté, rigueur, attention et humanisme pour qu’elle soit toujours en équilibre. Ainsi, si cet art consiste à ne pas mourir de faim, voici de quelle manière s’y prendre, tout en respectant à la fois les denrées ou les produits fabriqués tout autant que la monnaie.

 

Les produits se fanent, se déprécient avec le temps, non ? Donc l’argent lié aux produits doit subir les mêmes outrages d’accord ! L'intérêt n'a pas de raison d’exister, la preuve ! Lorsque tu prêtes des patates par exemple, dont tu n’as besoin ni pour ta consommation, ni pour les planter, il est plus intelligent de les prêter à un homme vaillant et décidé. Ainsi à la récolte suivante, produite par ce dernier, bénéficies-tu de pommes de terre de l’année, alors que si tu ne les avais pas cédées elles auraient pu subir mille aléas, dont celui de la gent trotte-menu et du pourrissement ou flétrissure >>.

 

Il s’arrêta, permit à mon cerveau de récupérer, puis enchaîna :

 

<< Si tu laisses donc tomber l’intérêt et met sur le plan de l’égalité, monnaie et produits, voici l’astuce pour mettre tout le monde d’accord et au travail (plus on est à accomplir l'œuvre moins de temps on y passe).

 

Si tu demandes à tous tes ingénieurs et techniciens de prestige de fabriquer le matériel nécessaire à assurer les multiples tâches de tous les jours de chacun, à condition que ces machines soient robustes et non polluantes. Si tu mets tes éleveurs, agriculteurs, maraîchers, viticulteurs etc. en demeure de produire de la meilleure des façons, le tour est joué, d'autant que les citoyens européens apprécient les produits savoureux obtenus avec des moyens naturels et qui ne seront pas plus chers que dans l'agriculture industrielle, car les productions seront sensiblement équivalentes si toutefois quelques marchands profiteurs ne sombrent dans la démence. En outre, pas de surplus donc des prix corrects et pas de concurrence. .

 

Ainsi chacun est à l’abri du besoin si l'on partage la production nationale par une émission monétaire gratuite équivalente. Les millions de personnes non employées pourront prêter leur concours gratuitement. Gendarme, maçon, instituteur, médecin tous les services sont gratuits.

 

D’autre part tu transformes les banques et le trésor, il y en a bien dans tous les cantons, en organismes de recensement. L’une inventorie les besoins en fonction, l’autre répertorie les moyens de production et les possibilités de chaque entrepreneur ou cultivateur. On coordonne au sommet et le tour est joué.

A l’estimation de la production l’Etat souverain, donc créateur de monnaie, la prépare. Lors des rentrées des produits, il en fixe le prix et distribue l’argent en fonction de toutes ces productions et des hommes. En théorie, plus d’invendus, pas de gaspillage, plus de chômeurs, plus de sans domicile, plus de vrais retraités, plus personnes dans le malheur, dans l’indigence, dans l’oisiveté, l’usure ou la spéculation ».

 

<< Que tes économistes et politiques de malheur arrêtent de se rouler dans le foin et de constamment déclarer qu'une paille au derrière les étrangle ! Que ne disent-ils pas comme sottises avec en point d'orgue pour tenter de résoudre un relatif déficit le raisonnement suivant :<< Nous avons trop de fonctionnaires, il faut en diminuer le nombre ! Quel aveuglement puisque la fonction de l'Etat est bien de répartir la production sur tous les citoyens. En conséquence, s'il y avait trop de fonctionnaires, la solution convenable ne serait-t-elle pas de diriger ces derniers vers des secteurs déshérités comme la justice et la police ? Voire, même l'agriculture naturelle où il faut davantage de main-d'œuvre puisqu'on désherbe à la main !

 

Pour le détail dit-il, viens me voir une autre fois >>.

 

J’étais là bouche bée, les membres comme paralysés.

 

Il se leva, en prenant appui avec ses grosses mains puissantes et carrées sur ses genoux et modestement conclut :

« Vois-tu c’est en ayant les mains dans la laine et les yeux dans les étoiles que je peux me permettre de simplifier les choses tout en les rendant réalisables ». Il semblait satisfait de son raisonnement, il finit en concluant sa phrase « quant à l’énergie nécessaire c’est le soleil qui me la donne, je la transmets aux astres qui me servent la réponse pendant mon sommeil ». Quant au concret, inutile de te confier que si toutes les inventions et découvertes bloquées par les puissants sortaient de l'ombre, il y a belles lurettes que l'énergie serait gratuite. Pense au méthane qui couve dans  nos milliers de tonnes de produits fermentescibles  >>.

 

Utopie ? Sans doute, mais parfaitement réalisable si l’homme avait un peu moins d'attrait pour le profit, plus de respect pour lui-même, et pour ses contemporains. Que ce conte puisse un jour devenir réalité.

 

Diégo - Der.



13/11/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 95 autres membres